jeudi 9 octobre 2014

Bi Luo Chun Dong Ting (Thé Calin)

Cap sur la Chine en général et la province du Jiangsu en particulier, avec le Bi Luo Chun Dong Ting, de Thé Calin.

Mais avant, tel James Bond, je vous gratifie d'un pré-générique.  Par contre, contrairement à l'agent secret de Sa Gracieuse Majesté, pas de poursuite à ski ni d'explosion de base secrète,  je vais moins spectaculairement parler du gaiwan.  Car un thé figurant sur la liste des dix plus célèbres thés chinois mérite d'être infusé comme en Chine.  Donc je laisse mon fidèle mug en verre borosilicate au repos et je sors mon service en porcelaine Gaiwan Lian Hua copyright Thé Calin.

Je dis bien gaiwan et non pas zhong comme on le voit malheureusement trop souvent (comme par exemple au Palais des Thés, pour ne citer qu'une maison archiconnue).  Gaiwan signifie "bol à couvercle" et est comme son l'indique... un bol à couvercle ! Le zhong est quant à lui une tasse munie d'une anse et d'un couvercle utilisée à Canton. Le gaiwan est petit et évasé et est inséparable de sa soucoupe.  Le zhong est droit et haut et n'a pas de soucoupe.  Bref, ça n'a rien à voir. La confusion vient du fait que Canton a été un port très important pour l'exportation du thé et donc le terme de zhong a injustement supplanté celui de gaiwan.

Utilisé depuis la dynastie Ming, le gaiwan est considéré comme le meilleur ustensile pour infuser les fragiles et délicats thés verts, blancs et jaunes.  Comme les théières en yixing du Gong Fu Cha, il permet de réaliser plusieurs infusions courtes (cinq infusions de 20, 35, 50, 80 et 120 secondes pour le Bi Luo Chun qui nous occupe, par exemple).  Une fois l'infusion finie, on verse la liqueur dans une verseuse en s'aidant du couvercle (et éventuellement d'un filtre) pour maintenir les feuilles dans le gaiwan.  On n'oublie pas également de humer les arômes sur le couvercle, histoire de se donner une première idée de ce qui nous attend.

Comme une photo vaut mieux qu'une longue description, voici celle que j'ai réalisée avec la toute première infusion, celle qu'on verse immédiatement et qui n'est destinée qu'à rincer les feuilles et qui n'est normalement pas faite pour être bue, mais je n'aime pas jeter ce que je fais infuser.


 Le Bi Luo Chun Dong Ting est donc un thé vert chinois, originaire du sud de la province du Jiangsu.  Son nom signifie "Spirale de jade du printemps", en référence à ses feuilles torsadées.  Il est très riche en bourgeons duveteux, qui font penser à de délicats fils de laine au milieu des feuilles vertes.  Enfin, il n'est récolté qu'une fois par an, au printemps, et les théiers poussent au milieu d'arbres fruitiers qui parfument naturellement les feuilles et les bourgeons de leur parfum.
"Dong Ting" fait référence à son lieu de production, une colline située dans le sud de la province du Jiangsu, près du lac Tai et de la ville de Suzhou.  C'est toujours bon de le savoir, car c'est le terroir d'origine.  Comme souvent en Chine avec ce qui est bon, le Bi Luo Chun est souvent copié dans d'autres régions, principalement au Zhejiang (qui devrait plutôt se contenter du Long Jing) et au Sichuan (qui copie aussi le Long Jing).  Leurs feuilles sont plus grandes, moins uniformes, et surtout n'ont pas cet arôme fruitier inimitable.

C'est un thé aux saveurs florales et fruitières, qui m'ont fait penser au thé blanc, mais il a également la puissance végétal d'un thé vert.  Au fil des infusions, les arômes floraux laissent la place au goût végétal.  Il est d'ailleurs très important de ne pas l'infuser avec une eau trop chaude, sinon l'amertume végétale masque complètement le côté floral et ce serait dommage.Thé Calin indique une température de 80°, je préfère descendre à 75° pour ne pas prendre de risque.

S'il est connu depuis la dynastie Ming, son nom de Bi Luo Chun ne lui a été donné que sous la dynastie Qing, par l'empereur Kangxi durant la 38e année de son règne (de 1661 à 1722, soit 61 ans qui en font le plus long règne de l'histoire chinoise, on ne pouvait pas trouver plus prestigieux).  En visite dans le Jiangsu, l'empereur tomba sous le charme du thé qu'on lui servit, mais il trouva son nom de "Xia Sha Ren Xiang" peut digne de sa majesté.  On ne peut pas lui donner tord, puisque cela signifie "Parfum étourdissant" ou "Parfum à faire frémir d'effroi".  Il le rebaptisa donc d'autorité "Bi Luo Chun", c'est à dire "Spirale de jade du printemps", le faisant ainsi entrer dans la légende.  Aujourd'hui encore, il fait partie des dix thés les plus prestigieux de Chine.

Pour terminer, deux photos, représentant les feuilles sèches avant l'infusion et dans le gaiwan après l'infusion.  On peut y voir les bourgeons blancs qui ne sont certes pas aussi nombreux que dans un grade A (j'ai d'ailleurs trouvé une tige au milieu des feuilles ce qui montre que la cueillette n'est pas irréprochable), mais cela fait partie de la philosophie de Thé Calin de privilégier le rapport qualité-prix plutôt que la qualité hors de prix.



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