mercredi 17 juin 2015

Oolong Four Seasons (La Magie du Thé)

Lors d'un précédent article, je parlais de ma propension à visiter le Palais des Thés local lorsque je me rends à Namur.  C'est vrai que l'enseigne est archiconnue et que sa boutique a pignon sur rue en étant située en plein cœur du piétonnier, en face de l'église Saint-Loup, mais elle ne doit pas pour autant nous faire oublier la présence d'un autre point de vente théiné dans la capitale wallonne, à savoir la Magie du Thé, qui est située dans la rue du Pont, celle-là même qui relie la place d'Armes au Grognon en enjambant la Sambre (d'où son nom).  Comme d'habitude, ma compagne a jeté son dévolu sur un oolong et lorsque j'en ai trouvé un vietnamien, je n'ai pas pu résister.  Ami lecteur occasionnel, voici donc exclusivement pour toi le Four Seasons de la Magie du Thé !

Celles ceux qui a l'époque bénie de l'obligation scolaire avaient choisi l'anglais comme deuxième langue (ou même en troisième langue comme c'est mon cas) l'auront deviné aisément : le Four Seasons doit son nom au fait qu'il est récolté quatre fois par an, à savoir au printemps, en été, en automne et en hiver.  Il utilise en fait le cultivar Si Ji Chun, qui fut développé à Taïwan en 1980, au départ du cultivar du Tie Guan Yin.  Le but recherché était d'augmenter la production et ce fut une réussite, car dans les plaines où le climat est le plus propice, on peut aller jusqu'à six récoltes par an.  C'est donc à la base un oolong de Taïwan, mais les flux migratoires l'ont conduit jusqu'au Vietnam, d'où vient celui dont je tente de parler en ce moment.

Au départ, on a exactement la même chose qu'avec un Tie Guan Yin (d'où le cultivar des quatre saisons est originaire), à savoir de jolies perles d'un beau vert clair, ce qui nous indique une faible oxydation.  


La liqueur tente également d'imité le Tie Guan Yin avec sa couleur jaune, mais je la trouve plus pâle et donc moins intense.  Surtout si je la compare à mon autre expérience d'un oolong vietnamien, qui lui utilise le même cultivar que le Tie Guan Yin, à savoir le Tra to Qy de l'Oasis des Saveurs (qui est en fait le même que celui des Jardins de Gaïa).


Au goût, on retrouve cette petite pointe corsée caractéristique des thés vietnamiens.  Du moins de tous les thés vietnamiens que j'ai goûtés jusqu'à présent.  Ils sont au nombre de deux, à savoir un vert (OP Ban Lien, originaire des montagnes du Nord) et un oolong (le précité Tra To Qy, originaire des montagnes du Sud).  J'attribuais cette note corsée au terroir vietnamien, mais ça viendrait également et surtout d'un manque de savoir-faire des producteurs locaux, qui ont moins d'expérience que leurs prestigieux voisins chinois et donc leurs thés ont également moins de finesse.  Cela dit, ça ne m'empêche pas de les trouver agréables et d'en faire la publicité autour de moi !  Après, j'admets que le côté corsé n'est pas accessible à tout le monde, mais moi, personnellement, j'adore ça.

A celles et ceux qui se demandent de quelle région du Vietnam vient ce oolong, je suis au regret de répondre que je n'en sais rien ! J'ai posé la question à la Magie du Thé sur Facebook (ils n'ont pas d'adresse email, les originaux !).  J'avais eu des réponses à mes questions sur mon premier achat chez eux (le Kwai Flower Oolong, originaire du Fujian et parfumé au pollen d'osmanthus), mais hélas, toujours pas de réponse sur le Four Seasons à l'heure d'écrire ces lignes...  Toutefois, lors d'une dégustation de oolongs à l'Heure bleue (c'est le point de chute d'Olivier Schneider lorsqu'il vient en Belgique, ce n'est donc pas la première gargote venue), j'en ai découvert un qui vient du Nord du Vietnam.  C'est la seule piste que j'ai pour le moment...

Ceci dit, le Four Seasons Oolong est un bon thé de tous les jours, parfait pour découvrir les oolongs, voire mêmes les thés vietnamiens, mais quand comme moi on connait déjà, il parait un peu fade.  Personnellement, je lui préfère le Tra To Quy, qui a plus de goût avec ses notes de fruits jaunes.  Mais c'est normal, car il part avec un avantage, puisqu'il utilise le cultivar Tie Guan Yin.  Visiblement, il en va dans ce cas-ci comme avec le reste : mieux vaut privilégier l'original à la copie, en choisissant le Tie Guan Yin plutôt que le Si Ji Chun !

vendredi 29 mai 2015

Népal Arya Tara, Grand Cru récolte de printemps 2015 (Le Palais des Thés)

Lors de mon dernier passage à Namur, j'ai fait mon traditionnel pèlerinage au Palais des Thés ( c'est une des quatre boutiques qu'on a en Belgique, et les trois autres étant à Bruxelles, Saint-Gilles et Liège, ce serait dommage de ne pas profiter de l'occasion).  J'avais dans l'idée d'acquérir un nouveau Darjeeling, ma compagne penchait comme d'habitude pour un oolong.  Pour la distraire je lui montre la belle collection de Lapsang Souchong et elle m'avoue que les Pointes Blanches pourraient l'intéresser.  Mais finalement, c'est tout autre chose qu'il s'est produit puisque nous avons lu que suite au tremblement de terre, Le Palais des Thés verserait 2€ à une association locale pour tout achat de 100 grammes de thé népalais.  On s'est donc lancé dans l'aventure et la vendeuse nous a fait sentir toutes les boites qu'elle avait en stock, depuis la plus basse de l'armoire (et aussi la moins chère) jusqu'à la plus haute (qui est donc aussi la plus chère, comme c'est bien pensé !).  Au Palais des Thés, on n'a guère le choix, tous les thés népalais sont classés dans la catégorie des Grands Crus, dont je me vois donc obligé de dire un mot.

Le Palais des Thés appelle "Grands Crus" une sélection de thés rares et éphémères récoltés en petites quantités et aux caractéristiques gustatives exceptionnelles.  Évidemment, de telles qualités se payent cher et vilain (cette année le record va au Long Jing Xi Hou Pré-Quingming à 98€ les 100 grammes, mais je me souviens qu'en 2014 il y avait un Bi Luo Chun dont le chiffre du prix était plus élevé que celui du poids).  Fort heureusement, les thés népalais étant moins connus que les Darjeeling ou les thés verts chinois, ils sont également moins demandés et donc moins chers, c'est la dure loi du capitalisme et on ne va pas s'en plaindre.  Pour la récolte de printemps 2015, la gamme de prix va de 16 à 35€, ce qui est raisonnable quand on sait que pour les Darjeeling, on peut monter jusqu'à 58€ du côté de Margaret's Hope et que si on aime les oolongs taïwanais, le Dong Ding est à 18€ sans être considéré comme un grand cru.

Si l'archéologie permet de remonter à l'an 78 grâce à une inscription sur pierre de l'époque Asaka, le Népal moderne est né en 1768 lorsque le célèbre Prithivi Narayan Shah unifie sous son autorité plusieurs principautés jusque-là indépendantes des contreforts de l'Himalaya.  C'est ensuite en 1873 qu'un certain colonel Gajraj Singh Thapa y implante la culture du thé, suite à un voyage qu'il avait fait à Darjeeling lors duquel il fut séduit par la boisson qu'on lui servait partout où il allait.  Gouverneur des districts de l'Est et gendre du Premier ministre Jung Bahadur Rana (le fondateur d'une véritable dynastie dont les membres se succèdent à la tête du gouvernement népalais de 1846 à 1951), il avait toutes les facilités nécessaires pour faire de la région frontalière avec l'Inde un producteur de thé.  Aujourd'hui encore, les plantations se trouvent dans les quatre districts de l'Est du Népal, qui répondent aux doux noms de Ilam, Panchtar, Dhankuta et Terathum, à une altitude variant entre 1000 et 2000 mètres.  Le Népal produit donc un thé d'altitude, exactement comme le Darjeeling et au contraire de l'Assam (pour le comparer avec les deux célébrités indiennes).

Mes précédentes expériences avec le thé népalais se limitaient à la sympathique maison alsacienne des Jardins de Gaïa , qui m'a permis de goûter un Fikkal vert, fruité et astringeant, et un Fikkal noir qui ressemblait à s'y méprendre à un Darjeeling.  Inutile de les chercher, ils ne ont hélas disparu du catalogue de Wittisheim...

Au Palais des Thés, par contre, on est sur quelque chose de complètement différent : les grands crus népalais de printemps sont tous des thés noirs, mais avec une odeur curieusement végétales, qui est de plus en plus forte au fur et à mesure qu'on monte dans la gamme des prix (et donc qu'on gravit les niveaux de l'armoire, si vous avez suivi).  Le dernier (qui a nécessité l'intervention d'un tabouret pour permettre à la vendeuse théinopalatine de l'attraper) sentait tellement l'herbe coupée que j'ai cru qu'une De Lorean m'avait ramené la veille, lors de ce maudit jour où j'avais tondu la pelouse (je déteste tondre la pelouse, c'est encore plus ennuyant que de faire sécher le linge à l'intérieur parce qu'il pleut).  L'explication est simple : ce sont des thés noirs dont les feuilles ne sont pas entièrement oxydées.  Ce qui n'en fait pas des oolongs pour autant, car la différence entre les deux ne vient pas du niveau d'oxydation, mais du traitement que subissent les feuilles : les oolongs ont deux étapes supplémentaires appelées brassage et roulage qui ne se font pas pour les thés noirs.  On peut donc trouver des oolongs entièrement oxydés (comme ce Tie Guan Yin taïwanais) et des thés noirs partiellement oxydés (comme les grands crus népalais du Palais des Thés).  Finalement, on a choisi de prendre le premier, non pas parce que c'était le moins cher (ou alors pas seulement), mais parce qu'il avait l'odeur la plus agréable : l'Aria Taya, que le Palais des Thés présente comme un Népal de printemps 2015 très gourmand.

C'est un thé qui nous vient du district d'Ilam, plus précisément du village de Shree Antu, à 1500 mètres d'altitude, qu'on nous dit être proche de la frontière indienne et des plantations de DarjeelingSi on en croit l'ami Google, c'est même carrément contre la frontière, exactement comme l'est mon village avec la France en général et le département des Ardennes en particulier.  Du côté du Darjeeling, le jardin d'Ambootia n'est pas loin.  La petite histoire nous dit que le jardin s'appelait auparavant Sidrabong avant d'être renommé en 1885 par des moines bouddhistes spécialistes des sciences ayurvédiques ("Arya" signifierait "respecté" en sanskrit, mais je n'ai pas vérifié).  Une histoire avec des moines, ça fait toujours vendre, mais si l'histoire existe, on ne va pas reprocher au Palais des Thés de nous la raconter, d'autant plus que les renseignements de ce genre sont malheureusement trop rares.  Et puis, un jardin renommé par une communauté bouddhiste fascinée par la beauté et la sérénité d'une vallée, c'est plus joyeux que l'histoire de la fille du propriétaire qui meurt avant d'avoir pu revoir ses plantations de thés chéries, comme c'est le cas chez Margaret's Hope (dont j'adore la récolte d'été, soit dit en passant).

Les conseils de préparation méritent également qu'on s'y attarde : 3 minutes 45 à 85°, c'est précis et c'est normal, puisque c'est un grand cru.  Jusque-là, le Palais des Thés m'avait habitué à des fourchettes peu précises du genre 5 à 7 minutes pour les oolongs taïwanais (je ne dépasse jamais les 5 minutes histoire de garder un peu de réserve pour une deuxième infusion) ou 1 à 2 minutes pour le Sencha Ariake (qui devient amer si on dépasse la minute) , donc j'étais ravi de voir que pour un grand cru il y avait un effort sur ce point.  Sauf que j'ai regardé les autres thés népalais et ils ont tous la même chose : 3 minutes 45 pour 85°.  Et c'est la même chose pour les Darjeeling de printemps.  On monte quand même à 4 minutes pour les Darjeeling d'été et on trouve du 90° pour un Assam Grand Cru.  Mêmes si ce sont tous des grands crus, ce sont quand même des thés différents et les voir avec le même temps d'infusion si précis, ça m'a étonné.  J'ai posé la question au Palais des Thés sur Twitter pour savoir si 3 minutes 45 représentaient le temps d'infusion parfait, mais on m'a juste répondu que c'était là leur conseil mais qu'on pouvait quand même adapter selon ses goûts, ce qui ne répond finalement pas à ma question.  Mais c'est ma faute, je n'ai pas dû être assez précis dans ma demande (140 caractères, c'est parfois un peu court...)

Pour (enfin !) parler du thé en lui-même, ses petites feuilles et ses bourgeons nous confirment qu'on est géographiquement proche du district de Darjeeling et que seul le hasard arbitraire du tracé des frontières l'empêche de porter ce nom.  L'oxydation incomplète se devine à la couleur verte des feuilles, même si ce n'est encore une fois pas ce qui se voit le mieux sur ma photo...



On obtient une liqueur brun clair, un peu déroutante pour un thé noir, même si on s'y attendait.  La première gorgée m'a complètement dérouté, avec son goût végétal.  Je ne sais pas si c'est moi qui avait raté la première infusion ou si c'est mon palais qui avait besoin de s'habituer à un thé noir partiellement oxydé qu'il ne connaissait pas, mais je l'ai trouvé meilleur au deuxième essai. Et aux suivants aussi d'ailleurs ! Les notes végétales sont toujours là, bien sûr, mais moins fortes, et surtout elles ne sont plus seules, car on ressent ensuite des notes gourmandes d'amande très agréables qui font que je recommande ce grand cru népalais à tout le monde.  Il est en plus très accessible financièrement, alors pourquoi s'en priver ?  Par contre, pour que votre achat rapporte 2€ aux victimes du tremblement de terre, il ne faut plus trainer, l'action se termine le 31 mai !



jeudi 21 mai 2015

Jardin du Luxembourg (Dammann Frères)

Pour fêter mon retour après cette trop longue absence, je vais tordre le cou à la raison sociale du blog en parlant d'un thé aromatisé, à savoir Jardin du Luxembourg, de Dammann Frères.

On va tout de suite mettre les choses au point : je n'ai pas aimé ce thé qui représente pour moi tout ce que je déteste dans les thés aromatisés artificiellement.  Je suis d'ailleurs incapable de dire c'est un thé à quoi, tellement il y a de choses dedans.  Jugez plutôt : Dammann nous annonce un oolong vert parsemé de fleurs de jasmin et de pétales de rose, aux arômes fleurs d'aubépine, aloe vera, rose, jasmin, acacia, nénuphar et prunier.  Rien que ça ! Il y a des shampooings qui ont moins d'ingrédients.  Il faut dire que la société Dammann a de l'expérience en la matière, puisqu'il parait que c'est elle qui a inventé les thés aromatisés modernes tels que nous les connaissons, dans les années 1950.  Mais là, c'est trop !

Dès l'ouverture du sachet, c'est une orgie de parfums qui vous agresse les narines et il est impossible d'en identifier un tellement ils sont nombreux et mélangés.  Je vais tenter d'y voir plus clair en reprenant les ingrédients un par un :

- Oolong vert, ça je connais et je dirais même que j'approuve ! Généralement, on connait les thés verts et noirs, mais pas les oolongs qui se situent précisément entre les deux.  Faire connaitre de nouvelles voies aux amateurs de thés aromatisés, c'est une excellente idée.  Malheureusement, l'excellence s'arrête ici...

- Fleurs de jasmin et pétales de rose, ça c'est mal ! D'accord, ce n'est pas artificiel, c'est du vrai jasmin et de la vraie rose, mais ce genre de chose est à éviter, du moins pour le jasmin (la rose je connais moins donc en fait je ne sais pas).  Car si les meilleurs thés au jasmin (et les seuls qui devraient mériter ce nom) sont parfumés avec des fleurs et non par de l'huile ou de l'arôme de jasmin, il faut ensuite enlever les feuilles parce qu'elles ajoutent de l'amertume au thé infusé.  J'ai gouté des thés au jasmin avec et sans fleur et il n'y a pas photo : les meilleurs, les plus fins et délicats, ceux qui n'ont aucune amertume et dont on se ressert avec plaisir, ce sont ceux dont on a enlevé les fleurs une fois que les feuilles de thé ont été parfumées.

- arômes, c'est le casus belli, comme disait le juge Roy Bean dans le treizième album de Lucky Luke.  Parce que les arômes, c'est artificiel, et à force de boire des thés natures aux goûts divers, variés, mais toujours naturels, j'ai rendu mon palais très exigent et je ne supporte plus ces goûts artificiels.  J'ai le même souci avec le Thé du Hammam, que je trouve imbuvable alors que c'est pourtant une des meilleures ventes du Palais des Thés.

- fleurs d'aubépine, ça c'est original, ça pourrait être intéressant à goûter un thé à la fleur d'aubépine, c'est dommage d'utiliser un arôme artificiel et de le mélanger avec des fleurs de jasmin et des pétales de rose, ça noie un peu le poisson.

- aloe vera, ça c'est curieux, je voyais ça plutôt dans des cosmétiques que dans du thé.  Mais je dois sans doute manquer d'imagination !

- rose et jasmin, là je ne comprends plus : pourquoi ajouter des arômes alors qu'on a déjà les fleurs ?

- acacia, nénuphar et prunier : n'en jeter plus, la coupe est pleine ! On en est à sept goûts différents dont je ne savais même pas que certains pouvaient parfumer quoi que ce soit (j'ai bien lu du nénuphar ?).  Au final, trop de parfums tuent les parfums et on ne goûte plus rien du tout.

Et qu'est-ce qu'on fait avec tout ça ? Dammann nous recommande de l'infuser pendant quatre minutes.  A quelle température ?  On ne sait pas ! Car contrairement à Mariage Frères qui s'illustre avec des températures d'infusion fantaisistes, Dammann préfère ne pas prendre de risque en n'en annonçant aucune.  Cela a l'avantage qu'on ne risque pas de se tromper, mais le désavantage, c'est qu'on passe pour un amateur.  Heureusement, ce n'est pas le cas pour tous leurs thés.  Mais bon, toujours est-il que pour celui-là, j'ai du me débrouiller tout seul.

Comme il s'agit d'un oolong, j'ai infusé à 95°.  On obtient la liqueur jaune à laquelle on peut s'attendre avec un thé partiellement oxydé et miracle, à l'odeur, les parfums agressifs et trop nombreux des feuilles sèches semblent ne pas avoir survécus à leur passage dans l'eau chaude.  Ce n'est hélas qu'une impression trompeuse, car au goût, on retrouve cet amas de parfums artificiels, certes adoucis par le bain chaud, mais suffisamment présents pour masquer totalement l'éventuel goût du thé.  Avec un oolong vert, je m'attendais à de délicieuses saveurs florales, même si j'imagine bien que pour l’inonder ainsi de parfums, Dammann n'avait pas choisi un Tie Guan Yin de première classe aux subtils arômes de muguet.  Finalement c'est peut-être le cas, mais on n'en saura jamais rien car tout ce qu'on goûte c'est un bouillon artificiel qui en plus laisse un très mauvais goût en bouche.  Et je dirais même que c'est ça le pire, car quand je bois un thé, j'ai envie d'être rafraichi et désaltéré, et de garder un agréable goût en bouche qui m'interdit d'avaler autre chose dans les minutes qui suivent pour ne pas le perdre.  Or là, c'est tout l'inverse ! Ce goût artificiel qui reste en bouche est tellement insupportable que j'ai envie d'avaler n'importe quoi pour purifier mes papilles, en espérant qu'elles fonctionneront encore après le supplice que je viens de leur infliger.

Maintenant, j'admets que comme il n'y avait pas de température, j'ai pu mal l'infuser.  Donc j'ai réessayé à 90° et j'ai d'abord été surpris, car à la première gorgée, les parfums artificiels sont moins forts.  Mais on a toujours ce mauvais goût en bouche à la fin, donc pour moi, le Jardin du Luxembourg est à éviter, du moins en thé, car il parait que le vrai, à côté du palais éponyme, est magnifique.  D'ailleurs, si j'étais le président du Sénat, je demanderais des dommages et intérêts à Dammann Frères pour avoir oser salir ainsi le nom d'un si joli parc avec une parfumerie aussi infâme.  Mais bon, je m'égare peut-être sous le coup des arômes qui me montent à la tête...

Enfin, voici quand même les photos du coupable.  Si jamais vous le voyez, fuyez avant qu'il ne soit trop tard !