Voici un premier
article consacré à la vraie raison qui m’a poussé à trouver le courage de
reprendre mon blog injustement délaissé.
Il m’est en fait arriver un truc dingue : malgré son inactivité, il
a été référencé sur le site de Thé Calin , qui reste mon fournisseur de thés chinois
favori. Evidemment, j’ai vendu chèrement
ma peau et mon droit à l’image, j’ai donc négocié de plantureuses royalties
sous forme d’échantillons.
Aujourd’hui,
nous allons donc élever nos habitudes théinées grâce aux Spirales de Qi Men dechez Thé Calin.
Elles figuraient dans mon panier
en attende d’une hypothétique prochaine commande pour le jour où mon armoire à
thés se viderait un peu et mes finances se rempliraient un peu plus, aussi
quand on m’a demandé quels échantillons me fairaient plaisir, celui est venu en
premier. Merci à Thé Calin en général et
à Philippe, le responsable clientèle, en particulier.
Dans un précédent article , j’évoquais le thé noir de Qimen en
disant que j’en parlerais une autre fois.
Un an, neuf mois et dix jours plus tard, il est plus que temps de
combler cette lacune !
Le Qimen tire son
nom de la ville éponyme, qui a le statut de chef-lieu de
district dans la province de l’Anhui, laquelle est célèbre pour produire de
prestigieux thés verts comme le Tai Ping Hou Kui, le Huang Shan Mao Feng et le
Liu An Gua Pian. Ce thé noir est
pourtant tout aussi prestigieux que ses voisins puisqu’il est le seul de sa
famille a figuré la fameuse liste des dix thés chinois les plus
prestigieux.
On raconte qu’il
fut créé en 1875 par un certain Yu Gancheng, un ancien fonctionnaire de retour
du Fujian , la province où le thé noir a été inventé. Revenu dans sa région, il a réussi à
convaincre un maître de thé répondant au doux nom de Hu Yuanlong d’abandonner
l’antique méthode du thé vert pour se lancer dans la production de thé noir. C’est en fait un raccourci aussi malheureux
que de dire que Vauban a fortifié Rocroi alors qu’il n’y a fait que renforcé
une forteresse érigée un siècle avant lui, puisqu’on trouve des traces de la
fabrication du thé noir dans la région de Qimen dès le début du XIXe
siècle. Monsieur Yu n’a donc fait
qu’améliorer un produit existant déjà grâce aux recettes du Fujian, qui sont ce
qui se fait de mieux pour le thé noir.
Les Anglais sont
ensuite passés par là et n’ont comme d’habitude pas compris grand-chose, ce qui
fait que ce thé est connu en Occident sous le nom de Keemun. On se demande bien comment, puisque la
prononciation chinoise ressemble à quelque chose comme « tchi
maine », ce qui personnellement me fait plutôt penser à la fiancée de Don Rodrigue
dans l’histoire du Cid. Mais quand on
sait que le Zheng Shan Xiao Zhong est devenu Lapsang Souchong de la même
manière, on se dit que tout est possible au pays de Sa Gracieuse Majesté !
Célèbre
mondialement pour ses arômes évoquant le cacao, le Qimen est un thé prestigieux
qui se décline en multiples grades, un peu comme le Darjeeling et l’Assam, si
ce n’est que les Chinois préfèrent les chiffres aux successions de lettres pas
toujours très compréhensibles. On a donc
des grades de 7 à 1 en fonction de la taille et de l’aspect des feuilles.
Au-dessus du 1 il y a encore le grade Hao Ya, qui est entièrement composé de
bourgeons et qui se divise en A et
B. Entre les chiffres et les lettres,
vient s’insérer l’appellation hybride de « Qimen Mao Feng » qui
désigne un thé riche en bourgeons (je dis « hybride » parce qu’on
voit plus souvent cette appellation pour les thés verts que les thés
noirs).
Tout cela est-il
clair pour toi, courageux lecteur ?
Si oui, je te félicite, si non, ne t’inquiète pas, car le Qimen du jour
est étranger à toute forme de classification et n’entre donc dans aucun des
grades que je viens d’expliquer. La
faute en revient au producteur, Monsieur Wangchang, qui après trente années de
bons et loyaux services a décidé de sortir des sentiers battus façonnés par les
cinq générations qui l’ont précédé. Et
on l’en félicite ! Car tirer la
qualité vers le haut, c’est la meilleure façon de tirer son épingle du jeu.
Nous avons donc
ici un bourgeon accompagné d’une ou deux feuilles, le tout torsadé en forme de
spirales (comme l’indique le nom du thé).
C’est d’abord
beau à voir mais ensuite (et surtout !) bon à boire.
J’ai déjà goûté plusieurs Qimen de plusieurs
grades, certains plus corsés, d’autres plus fins et aromatiques, mais ils
avaient tous en commun cette note dominante de cacao qui leur donne un goût
assez fort et ne plait donc pas à tout le monde (et je pense ici à ma compagne
qui partage mes thés en plus de ma vie en général). Or ici il y a autre chose : la note de
cacao est bien présente (et c’est tant mieux) mais elle est fine et subtile plutôt
que franche et massive, ce qui laisse de la place à des notes plus florales qui
s’exprime en second temps. C’est un peu
la même différence qu’il y a entre un Darjeeling de printemps léger et
aromatique et un récolte d’été plus franche et corsée. Si pour les Darjeeling je préfère
définitivement la récolte d’été à celle de printemps que je trouve trop fade à
ma goût, ici en revanche je suis entièrement séduit par les Spirales de Qi Men dont
la douceur et la palette aromatique ne font faire qu’encore augmenter mon
niveau d’exigence pour mes prochains achats.
Et pourtant Thé Calin nous promet encore quelque chose de mieux avec le
Joyau céleste de Qi Men, qui est carrément classé grand cru ! Mais ça, c’est
une autre histoire…
Pour d'autres avis sur les Spirales, on peut aussi consulter d'autres blogs, par exemple chez Alain, Isaure ou encore Cidö
Ton passage "que mon armoire à thé se vide" m'a fait rire. Si tu es comme moi, c'est un vœu pieu
RépondreSupprimerVider est évidemment utopique et d'ailleurs il est hors de question que ça arrive, mais il faut quand même que je fasse de la place, ne serait-ce que pour pouvoir y ranger ce que j'ai ramené de mes vacances en Provence...
SupprimerNous attendons tes retours impatiemment
SupprimerOuf second article, j'ai eu peur de devoir encore attendre un an pour le lire :D
RépondreSupprimerCes spirales sont sublimes et le joyau également ! J'espère que tu l'as demandé en échantillon pour lire ton avis.
Par contre tu as une dent contre les anglais... pauvres insulaires, que t-ont-ils donc fait (hormis créer l'English Breakfast) ?
Normalement tu devrais dire "deuxième", parce que second veut dire qu'il n'y a pas de troisième ensuite :)
SupprimerLe Joyau céleste a fait le voyage avec les Spirales mais j'hésite à le goûter tout de suite, je pense que je vais essayer les autres échantillons avant.
J'aime beaucoup les Anglais ! Je les remercie chaque fois que je bois un Darjeeling, un Assam ou un Kangaita du Kenya. Et l'English Breakfast peut réserver des surprises, comme le Big Ben du Palais des Thés.
Je leur en veux juste un peu d'avoir déformé les noms chinois des thés. Entre Qimen et Keemun, je comprends encore un peu, mais depuis que je sais que ça se dit Tchimain, je ne comprends plus.
Aaaaah les "Tchi Maine", toute une histoire! Tu m'as fait rêver ce matin en te lisant, pour un peu, je pouvais goûter sa saveur à sec!!! Ca me fait penser qu'un jour au Palais des Thés, j'ai demandé au vendeur comment se prononçait le nom car c'est connu, l'Energie qui nous habite s'appelle le Qi (Tchi) et donc je m'interrogeais sur le Qimen. Ce dernier a bien été en peine de me répondre, je me suis dit qu'en Belgique, mieux valait ne pas faire la maligne et prononcer comme tout le monde. ^^ Je vois que TheCalin a su également te débaucher. En même temps, vu la qualité qu'ils proposent, comment leur refuser!
RépondreSupprimerSi tu en as l'occasion, essaye d'avoir un échantillon du Joyau Céleste, c'est du velours sur les papilles!!!
La prononciation des langues asiatiques est un débat sans fin, c'est la même chose avec les mangas...
SupprimerCela dit, je fais le malin en essayant de parler chinois, mais dans la vie de tous les jours, je dis Qimen comme ça s'écrit. Tant qu'on ne dit pas Keemun, tout va bien. Je changerai peut-être d'idée le jour où je saurai lire les idéogrammes chinois, mais c'est pas encore pour demain !
Mais tu as bien fait d'essayer, c'est comme ça qu'on se rend compte si les vendeurs en connaissent un peu plus que les odeurs de leurs boites de thés. Si tu veux discuter pronunciation, tu peux aller à l'Heure Bleue à Saint-Josse, c'est là que j'ai abri que les Dan Cong se prononcent "tan song".
Le Joyau celeste viendra, mais j'ai encore d'autres choses dans ma liste d'attente.
Excellent article comme toujours, extrêmement détaillé et renseigné.
RépondreSupprimerTu ne postes pas toujours très souvent, mais tes articles sont une telle mine d'or de renseignements que cela vaut drôlement la peine d'attendre :-)
J'ai goûté 2 Qimen, j'aime aussi beaucoup ces thés "cacaotés".
De belles dégustations grâce à ces thés ^_^
Merci ! C'est mon problème, en fait, je ne sais pas m'arrêter quand je commence donc je fini par arrêter parce que ça me prend trop de temps.
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