mardi 9 août 2016

Lapsang Souchong (Dammann Frères)



Suite à la demande générale de quatre personnes, j’ai décidé d’essayer de retrouver le temps nécessaire à la réanimation de ce pauvre blog qui n’a pas mérité autant d’inactivité.  D’autant que j’ai une bonne raison puisqu’une compatriote blogeuse plus active que moi m’a envoyé deux échantillons de thé dont je me devais de parler.  C’est donc parti pour le Lapsang Souchong de Dammann Frères !

Le Lapsang Souchong désigne un thé noir fumé, normalement originaire de la province de Fujian, précisément des Monts Wuyi, soit le même terroir que les prestigieux oolongs des rochers (Da Hong Pao, Tie Luo Han, Shui Jin Gui, Bai Ji Guan, Rou Gui et Shui Xian).  Le nom original est Zheng Shan Xiao Zhong (soit « les petites feuilles de la Montagne Zheng ») et a été déformé par les Anglais, exactement comme avec le Qimen qu’on appelle aussi Keemun en Occident.  Si on en croit le Livre des Ming, son origine remonte à la seconde moitié de la dynastie éponyme, ce qui nous amène aux confins de la fin du 16e et du début du 17e siècle.  Même si on trouve des thés plus vieux, ce n’est donc plus un petit jeune.  Certains disent meme qu'il s'agit du tout premier thé noir qui a été créé, du moins dans sa version originale non fumée.  Car le fumage a encore mis un peu de temps avant d'arriver.


La légende raconte qu’un beau jour du 19e siècle, une armée de passage dans les Monts Wuyi réquisitionna un bâtiment qui servait de séchoir pour le thé.  Pour ne pas perdre la récolte, les feuilles ont été séchées au-dessus d’un feu de bois.  On n’est pas bien certain si c’étaient des racines d’épicea ou des branches de pin, mais ce qui est sûr, c’est que cela  donna aux feuilles un goût de fumée particulier qui semble avoir plu à certains et pas à d’autres, ce qui fait que de nos jours on retrouve les deux versions, fumées et non fumées.  En fait, c’est surtout en Occident qu’on trouve la version fumée (qu'on considère comme du thé chinois), les Chinois préférant la version non fumée (qu'ils considèrent comme le thé des étrangers).  Je les soupçonne d’ailleurs de se garder la meilleure qualité et de nous envoyer le bas de gamme qu’ils fument pour qu’on ne se rende compte de rien.  Jules Verne pensait d’ailleurs la même chose que moi, lui qui écrivait dans Claudius Bombarnac en 1982 que le thé que nous consommons en Europe a déjà servi à nettoyer les tapis du Céleste Empire…  Et tant que je parle de littérature, certains prétendent que le Lapsang Souchong est le thé préféré de Sherlock Holmes, mais je n’ai pas encore eu le temps de lire l’intégrale de ses enquêtes pour le confirmer (il faut d’abord que je réactive mon autre projet de lire l’intégrale des Rougon-Macquart d’Emile Zola, je me suis arrêté à Une page d’amour et il faut donc je reprenne le flambeau avec Nana).  Ce qui est certain par contre, c’est que Sir Winston Churchill en raffolait, mais il y ajoutait du whisky (où alors c’était l’inverse).  Enfin, pour finir avec les histoires, François-Xavier Delmas, le grand vizir du Palais des Thés, a réussi à trouver le fameux séchoir réquisitionné par l’armée où tout a commencé.
Le Lapsang Souchong fumé est un thé particulier : avec son arôme de fumée, ça passe ou ça casse.  Personnellement je l’aime fortement fumé et je suis d’ailleurs déçu quand le fumage est léger.  On dit que ce sont les Taïwanais qui font les versions les plus fumées, mais ce n’est pas une science exacte car il existe un Lapsang Souchong Crododile made in Taiwan qui est en fait fumé au bois de laque, ce qui lui donne une douceur dont personnellement je n’ai pas besoin avec un Lapsang Souchong.   C’est d’ailleurs pour ça que celui de Dammann ne m’a pas beaucoup plus : je l’ai trouvé trop léger.  Je n’étais pas surpris car Cidö m’avait  averti de son manque de fumage, mais il y a pire que ça ! Mais d’abord, reprenons les choses dans l’ordre.


Au commencement il y a la feuille sèche, pas très grande mais surtout brune alors que je suis habitué à les voir bien noires.  Mais l’odeur est fumée à souhait donc je ne me méfie pas et je me dis que ça va aller.  C’était une erreur, on ne devrait jamais se fier à l’odeur de la feuille sèche…


 



Dammann propose une infusion à 95° entre 3 et 5 minutes.  Moi dans ces cas-là je coupe la poire en deux et j’ai donc fait 4 minutes.  J’obtiens une liqueur  brun clair qui sent déjà moins la fumée que les feuilles sèches.  Et puis au goût, la déception : c’est pas mauvais, mais c’est légèrement fumé, trop légèrement fumé. Moi ce que j’aime c’est me retrouver dans la fumée d’un feu de bois et avec ça, c’est pas possible... 


 



S’il y a un observateur attentive parmi mes lecteurs occassionnels, peut-être remarquera-t-il que mon fidèle mug Bodrum en verre borosilicate ne figure pas sur la photo.  J’ai dû hélas m’en séparer car il a mal vécu la chute depuis la table du salon que lui a infligée mon adorable mais néanmoins parfois maladroit grand garçon de 4 ans (qui n’en avait que 3 à l’époque).  A la place, j’utilise maintenant cette tasse à double parfois que j’ai reçue à Noël.  Et tant que j’en suis à présenter mes accessoires, il y a également  la théière ronde en verre du Palais des Thés que j’ai reçue pour mon anniversaire (le même jour que Noël mais j’arrive quand même à différencier les cadeaux).
La deuxième infusion s’est révélée pire encore, puisque le goût fumé avait entièrement disparu, me laissant seul avec le goût du thé qui était également léger.  Du coup j’ai eu le sentiment d’avoir été eu : certains Lapsang Souchong sont parfumés à l’arôme de fumée et je me demande si je ne viens pas d’en découvrir un.  Car c’est la première fois que la fumée, même trop modérée à mon goût, disparait comme ça après une infusion.  Et ça c’est généralement le signe de parfum artificiel.  Bref, je suis content d’avoir pu goûter ce Lapsang Souchong pour l’ajouter à ma collection, mais heureusement qu’il ne s’agissait que d’un échantillon car je ne sais pas ce que j’aurais pu faire avec le reste.  L’utiliser pour cuisiner, peut-être : ajouté avec une sauce bolognaise ou n’importe quel plat de viande mijoté, il propage son goût fumé au reste du plat et c’est délicieux.  Mais comme j’ai du mal à faire autre chose que boire le thé que j’ai infusé quand je l’aime, je ne l’ai pas fait souvent.
Pour finir sur une bonne note, je vous tuyaute sur mes deux Lapsang Souchong fumés préférés :
  •  Celui des Thés de la Pagode, qui est le premier que j’ai essayé et auquel je reviens toujours car je n’en trouve jamais de plus fumé que lui.  On a l’impression de boire un feu de bois et bien que ça ait l’air bizarre à première vue, c’est finalement délicieux ! 
  • Celui de Thé Calin, qui est un peu moins fumé, mais qui présente l’avantage d’utiliser un thé de grande qualité, ce qui fait qu’il y a autre chose derrière la fumée, ce qui finalement est très plaisant !


 

11 commentaires:

  1. Trop contente de pouvoir de nouveau te lire !!! Même avec un thé qui t'a modérément plu :)

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    1. Merci ! J'ai commence avec celui-ci parce que ça doit faire au moins deux mois qu'il attendait, mais j'ai de meilleures choses en reserve pour la suite

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  2. Ravie également de constater que tu as réussi à réanimer ton blog! Félicitation! Faut dire que ça prend du temps ces petites choses-là!
    Mes sentiments sont mitigés car d'un côté, je suis contente d'avoir en partie contribué à raviver la flamme mais d'un autre côté, j'aurais préféré que ça soit pour un thé de meilleur qualité.
    Cela dit, merci pour le côté "historique" dont toi seul en as le secret! :D

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    1. Pas de problème, tu m'avais prévenu qu'il n'était pas extraordinaire. J'espère que l'autre échantillon se débrouillera mieux, le suspens est à son comble !

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    2. Connaissant maintenant un peu ton niveau d'exigence en matière de thés, j'ai un doute pour le suivant... ne mets pas 2 thés moyens l'un à la suite de autre sinon, tu vas perdre ton lectorat! ;D

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    3. Je crois que pour la suite je vais enchainer avec mes souvenirs de vacances. Ils sont tellement nombreux qu'il faut mieux commencer tout de suite

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  3. on est presque jumeaux d'anniversaires...ça s'est joué à un jour...additionnel dans mon cas, ce qui me permet de distinguer les cadeaux encore plus facilement que toi ;)

    Je serais étonnée que DF parfume son LS...je brûle d'envie de leur demander du coup...

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    1. Voyez-vous ça ! Et si en plus tu es ascendant verseau, tu seras le chainon manquant avec ma belle-soeur qui est née le 27.

      Sinon, je n'en sais rien pour le parfumage mais je sais que ça existe et c'est à ça que ça m'a fait pensé quand il n'y avait plus de fume à la deuxième infusion. J'ai déjà eu le coup avec un pseudo Bi Luo Chun à l'anis...

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  4. Nous commencions à désespérer de te relire un jour. En voilà une bonne nouvelle !

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    1. Il ne faut jamais perdre espoir, tout fini toujours par arriver

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  5. Hello, :)
    Je cherche à te joindre pour TO by Lipton :)
    Merci de m'écrire ? neirie@nothingbutdreams.eu :)

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