jeudi 21 mai 2015

Jardin du Luxembourg (Dammann Frères)

Pour fêter mon retour après cette trop longue absence, je vais tordre le cou à la raison sociale du blog en parlant d'un thé aromatisé, à savoir Jardin du Luxembourg, de Dammann Frères.

On va tout de suite mettre les choses au point : je n'ai pas aimé ce thé qui représente pour moi tout ce que je déteste dans les thés aromatisés artificiellement.  Je suis d'ailleurs incapable de dire c'est un thé à quoi, tellement il y a de choses dedans.  Jugez plutôt : Dammann nous annonce un oolong vert parsemé de fleurs de jasmin et de pétales de rose, aux arômes fleurs d'aubépine, aloe vera, rose, jasmin, acacia, nénuphar et prunier.  Rien que ça ! Il y a des shampooings qui ont moins d'ingrédients.  Il faut dire que la société Dammann a de l'expérience en la matière, puisqu'il parait que c'est elle qui a inventé les thés aromatisés modernes tels que nous les connaissons, dans les années 1950.  Mais là, c'est trop !

Dès l'ouverture du sachet, c'est une orgie de parfums qui vous agresse les narines et il est impossible d'en identifier un tellement ils sont nombreux et mélangés.  Je vais tenter d'y voir plus clair en reprenant les ingrédients un par un :

- Oolong vert, ça je connais et je dirais même que j'approuve ! Généralement, on connait les thés verts et noirs, mais pas les oolongs qui se situent précisément entre les deux.  Faire connaitre de nouvelles voies aux amateurs de thés aromatisés, c'est une excellente idée.  Malheureusement, l'excellence s'arrête ici...

- Fleurs de jasmin et pétales de rose, ça c'est mal ! D'accord, ce n'est pas artificiel, c'est du vrai jasmin et de la vraie rose, mais ce genre de chose est à éviter, du moins pour le jasmin (la rose je connais moins donc en fait je ne sais pas).  Car si les meilleurs thés au jasmin (et les seuls qui devraient mériter ce nom) sont parfumés avec des fleurs et non par de l'huile ou de l'arôme de jasmin, il faut ensuite enlever les feuilles parce qu'elles ajoutent de l'amertume au thé infusé.  J'ai gouté des thés au jasmin avec et sans fleur et il n'y a pas photo : les meilleurs, les plus fins et délicats, ceux qui n'ont aucune amertume et dont on se ressert avec plaisir, ce sont ceux dont on a enlevé les fleurs une fois que les feuilles de thé ont été parfumées.

- arômes, c'est le casus belli, comme disait le juge Roy Bean dans le treizième album de Lucky Luke.  Parce que les arômes, c'est artificiel, et à force de boire des thés natures aux goûts divers, variés, mais toujours naturels, j'ai rendu mon palais très exigent et je ne supporte plus ces goûts artificiels.  J'ai le même souci avec le Thé du Hammam, que je trouve imbuvable alors que c'est pourtant une des meilleures ventes du Palais des Thés.

- fleurs d'aubépine, ça c'est original, ça pourrait être intéressant à goûter un thé à la fleur d'aubépine, c'est dommage d'utiliser un arôme artificiel et de le mélanger avec des fleurs de jasmin et des pétales de rose, ça noie un peu le poisson.

- aloe vera, ça c'est curieux, je voyais ça plutôt dans des cosmétiques que dans du thé.  Mais je dois sans doute manquer d'imagination !

- rose et jasmin, là je ne comprends plus : pourquoi ajouter des arômes alors qu'on a déjà les fleurs ?

- acacia, nénuphar et prunier : n'en jeter plus, la coupe est pleine ! On en est à sept goûts différents dont je ne savais même pas que certains pouvaient parfumer quoi que ce soit (j'ai bien lu du nénuphar ?).  Au final, trop de parfums tuent les parfums et on ne goûte plus rien du tout.

Et qu'est-ce qu'on fait avec tout ça ? Dammann nous recommande de l'infuser pendant quatre minutes.  A quelle température ?  On ne sait pas ! Car contrairement à Mariage Frères qui s'illustre avec des températures d'infusion fantaisistes, Dammann préfère ne pas prendre de risque en n'en annonçant aucune.  Cela a l'avantage qu'on ne risque pas de se tromper, mais le désavantage, c'est qu'on passe pour un amateur.  Heureusement, ce n'est pas le cas pour tous leurs thés.  Mais bon, toujours est-il que pour celui-là, j'ai du me débrouiller tout seul.

Comme il s'agit d'un oolong, j'ai infusé à 95°.  On obtient la liqueur jaune à laquelle on peut s'attendre avec un thé partiellement oxydé et miracle, à l'odeur, les parfums agressifs et trop nombreux des feuilles sèches semblent ne pas avoir survécus à leur passage dans l'eau chaude.  Ce n'est hélas qu'une impression trompeuse, car au goût, on retrouve cet amas de parfums artificiels, certes adoucis par le bain chaud, mais suffisamment présents pour masquer totalement l'éventuel goût du thé.  Avec un oolong vert, je m'attendais à de délicieuses saveurs florales, même si j'imagine bien que pour l’inonder ainsi de parfums, Dammann n'avait pas choisi un Tie Guan Yin de première classe aux subtils arômes de muguet.  Finalement c'est peut-être le cas, mais on n'en saura jamais rien car tout ce qu'on goûte c'est un bouillon artificiel qui en plus laisse un très mauvais goût en bouche.  Et je dirais même que c'est ça le pire, car quand je bois un thé, j'ai envie d'être rafraichi et désaltéré, et de garder un agréable goût en bouche qui m'interdit d'avaler autre chose dans les minutes qui suivent pour ne pas le perdre.  Or là, c'est tout l'inverse ! Ce goût artificiel qui reste en bouche est tellement insupportable que j'ai envie d'avaler n'importe quoi pour purifier mes papilles, en espérant qu'elles fonctionneront encore après le supplice que je viens de leur infliger.

Maintenant, j'admets que comme il n'y avait pas de température, j'ai pu mal l'infuser.  Donc j'ai réessayé à 90° et j'ai d'abord été surpris, car à la première gorgée, les parfums artificiels sont moins forts.  Mais on a toujours ce mauvais goût en bouche à la fin, donc pour moi, le Jardin du Luxembourg est à éviter, du moins en thé, car il parait que le vrai, à côté du palais éponyme, est magnifique.  D'ailleurs, si j'étais le président du Sénat, je demanderais des dommages et intérêts à Dammann Frères pour avoir oser salir ainsi le nom d'un si joli parc avec une parfumerie aussi infâme.  Mais bon, je m'égare peut-être sous le coup des arômes qui me montent à la tête...

Enfin, voici quand même les photos du coupable.  Si jamais vous le voyez, fuyez avant qu'il ne soit trop tard !


8 commentaires:

  1. Réponses
    1. Et moi donc ! Mais je serai pleinement satisfait quand je parlerai d'un vrai thé et si j'arrive à saisir la fumée qui s'échappe de la tasse une deuxième fois

      Supprimer
    2. Oui, la fumée qui sort de la tasse ou les gouttes ... difficile d'égaler Vacuithé ;)

      Supprimer
  2. Alors voilà un thé que je n'ai jamais eu envie de boire parce que comme tu le dis trop d'ingrédients tuent le goût.
    Après j'ai tendance à infuser les Oolongs verts à une température plus basse (autour de 80°) surtout les parfumés.
    Pour ce qui est du jardin parisien je te conseillerais plutôt le Jardin des Plantes que le Luxembourg. D'ailleurs Dammann ne lui a pas encore dédié un blend...un signe ?

    RépondreSupprimer
  3. Les grands esprits se rencontrent, c'est bien ! Je le traine comme un boulet parce qu'une cousine de ma compagne le lui a offert à Noël.
    Mais je note la piste des 80° si jamais il me prenait une folle envie de recommencer

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il ne faut pas recommencer, ... mais le finir, allez courage

      Supprimer
    2. Le vrai courage, ce serait de retrouver la boite de Thé du Hammam qui est encore moins entamée que le Jardin du Luxembourg alors qu'on l'a reçue au Noël précédent

      Supprimer
    3. Attends peut être 4 ou 5 ans, laisse la fermentation. Ah ah ah

      Supprimer